L’association
L’association Stop Gavage Suisse est née au début de l’année 2017. Un certain nombre de raisons ont motivé sa création. Tout d’abord l’incohérence entre le fait que la production de foie gras soit interdite en Suisse depuis 1978 mais que celle-ci soit l’un des premiers importateurs de foie gras, avec environ 300 tonnes par an. D’autre part, le fait que la majorité des Suisses ne consomment pas de foie gras et qu’il soit consommé principalement en Suisse romande. Face à ces différents constats, il nous est apparu évident que lutter contre le foie gras en Suisse permettrait de sauver assez rapidement un grand nombre d’oiseaux.
Nous avons fait le choix de nous appeler Stop Gavage Suisse et non pas Stop Foie Gras Suisse, car il nous semblait plus pertinent et logique de braquer les projecteurs sur la pratique du gavage, qui est une véritable torture, plutôt que sur le produit foie gras, qui pourrait éventuellement être obtenu par d’autres moyens moins cruels. D’autre part, notre proximité avec l’association Stop Gavage/L214 en France nous a incités, avec leur aval, à garder ce nom. Nous leur sommes redevables également de nous autoriser à faire usage des nombreuses images d’élevages dont ils disposent.
Notre vision
Stop Gavage Suisse s'inscrit dans un mouvement qui souhaite une société attentive aux besoins de tous les êtres sensibles. Nous rêvons d’un monde où les animaux ne seraient plus exploités. L’association considère que les animaux ne sont pas des biens à la disposition des humains et que leurs intérêts méritent considération.
Notre mission
L’association Stop Gavage Suisse se focalise sur un sujet restreint : le gavage des oiseaux pour le foie gras destiné à la consommation en Suisse. Nous œuvrons à faire interdire l'importation de foie gras en Suisse. Ce thème, bien que très spécifique, concerne en réalité un très grand nombre d’animaux : environ un million d’oiseaux chaque année. Par comparaison, le nombre de bovins en Suisse est d’environ 1,5 million.
Contrairement à la plupart des autres questions animales, le gavage a la particularité d’être un domaine où il semble possible d’aboutir à des résultats concrets dans un avenir proche. En effet, la Suisse a fait le choix moral et éthique d'interdire le gavage depuis de nombreuses années (1978), mais le foie gras reste importé en grande quantité, principalement pour la Romandie, la Suisse alémanique l’appréciant très peu.
Notre raison d’agir :
la production de foie gras
Nous ne parlons ici que des canards, qui sont l’immense majorité des oiseaux gavés, les oies ne représentant qu’un faible pourcentage. D’autre part, nous ne présentons là que la méthode de production la plus répandue (cages et pompes hydrauliques). Pour une description plus détaillée, lire notre article sur la production de foie gras. Toutes les informations données ici proviennent de L214/Stop Gavage, qui reste la référence incontournable sur la question. Si vous vous en sentez le courage, nous vous recommandons vivement de visionner quelques unes de leurs nombreuses vidéos tournées en caméra cachée. Elles représentent mieux que les mots la réalité de la vie des canards dans ces élevages. Cependant, nous avons volontairement limité le nombre d’images violentes sur notre site : notre objectif est d’informer sans traumatiser.
La conception : insémination artificielle
La grande majorité des oiseaux utilisés par la filière sont des croisements dits mulards, entre un canard de Barbarie et une cane de Pékin. Les canes sont inséminées artificiellement dans des exploitations qui produisent les œufs spécialement pour les couvoirs industriels.
La naissance : couvoir industriel
Les œufs sont placés dans de grandes armoires chauffées, dont la température contrôlée leur permet d’éclore, tous au même moment, pour répondre aux besoins de la filière. Les canetons naissent entourés de leurs congénères et de coquilles d’œufs dans de grands paniers en plastique.
Le sexage : le massacre des femelles
Dès les premiers instants de leur vie, les canetons sont triés selon leur sexe. Les femelles seront éliminées immédiatement, le plus souvent par broyage, car elle ne sont pas rentables pour la filière. Leur foie serait plus petit et plus veineux. Les mâles seront conservés pour l’engraissement.
L’épointage du bec : mutilation pour le rendement
Afin d’éviter les comportements agressifs dus au confinement, le bout du bec des canards est brûlé. C'est évidemment très douloureux car la zone est très sensible. En effet, le bec du canard est la partie de son corps avec laquelle il fait presque tout, de la recherche de nourriture au lissage de plumes.
La phase de pré-gavage : élargir le jabot
Après ces premiers jours de vie, les canards sont placés dans des élevages où ils resteront un peu moins de trois mois. Au bout de trois mois, ils auront atteint leur taille adulte et partiront pour le gavage. Afin de préparer leur jabot, la poche située à l’entrée de l’estomac, à cette prochaine phase et maximiser les rendements, ils subissent des alternances de jeûne et de nourriture abondante pour les inciter à se goinfrer, ce qu'on appelle le pré-gavage.
Le gavage : les cages pour le rendement
Au bout de trois mois, ils sont emmenés dans des hangars de gavage, qui contiennent souvent plusieurs milliers d'oiseaux.
Ils sont placés à cinq ou six dans des cages grillagées dont la partie supérieure peut s'abaisser et les plaquer sur le sol de la cage, ne laissant dépasser que la tête à travers les barreaux. Ce sont les cages collectives qui ont été introduites et généralisées ces dernières années (depuis 2015). Jusqu'alors, les canards étaient placés dans des cages individuelles. Le sol des cages est grillagé pour laisser passer les déjections des canards, mais celui-ci provoque de graves lésions aux pattes.
Le gavage : purée de maïs et stéatose hépatique
Les canards sont gavés deux fois par jour avec une purée de maïs très énergétique. À chaque gavage, une dose d'environ 300 à 400 grammes de purée est injectée, à la pompe hydraulique, dans le jabot du canard, à l'aide d'un embuc (tube de métal) d'environ 20 cm. Le choc pour les canards est immense, et très vite, ils tombent malade, jusqu'à souffrir de détresse respiratoire due à la place que prend leur foie hypertrophié et qui comprime les poumons. Ils souffrent d'autre part d'une soif intense. Les doses injectées sont augmentées petit à petit, alors que les canards souffrent d'une maladie du foie appelée stéatose hépatique, sorte de cirrhose. Leur foie est donc malade.
L’abattage : tués à trois mois
Au bout de deux semaines de gavage (entre 11 et 15 jours selon les fermes d’engraissement), les canards sont envoyés à l'abattoir. Ce sera pour eux la fin du calvaire, à l’âge de trois mois. Le processus normal consiste à les étourdir par électrocution, les suspendre ensuite par les pattes et leur trancher la gorge pour qu'ils se vident de leur sang. Ensuite, une fois plumés, on leur ouvre le ventre pour leur prendre le foie. On sait que les abattoirs ne respectent jamais à 100% ce processus, et nombre d'oiseaux sont encore conscients au moment d'être saignés.
Combattre les idées reçues
Des canards, pas des oies
Dans l’imaginaire collectif, le foie gras provient des oies. Presque toutes les illustrations d’articles sur la question du fois gras montrent des oies. Cependant, la réalité est tout autre : au moins 90% de la production mondiale de foie gras est faite en utilisant des canards mulards et non des oies. En France, ce chiffre atteint plus de 99%.
Oui, les canards souffrent du gavage
La filière prétend souvent que les canards ne souffrent pas du gavage. Pourtant, le rapport scientifique de l’EFSA de 1998 prouve le contraire. De plus, il suffit de voir une vidéo de gavage pour lever le doute : les gestes d’évitement des animaux sont flagrants. Quant au récit selon lequel les canards accourent vers le gaveur, nous serions bien en peine d’en vérifier la véracité dans une halle de gavage où les canards sont enfermés dans des cages… Ce qui est décrit là est forcément pendant la phase de pré-gavage, où les oiseaux sont enfermés ensemble dans de grands hangars où ils subissent des périodes de jeûne et de nourriture abondante pour les inciter à se goinfrer (comme expliqué plus haut).
C’est trop bon, donc ça justifie la souffrance
Si un pédophile tenait ce genre d’argument pour sa défense au tribunal, il provoquerait, à raison, une huée d’indignations. Moralement, le plaisir d’un individu ne peut pas justifier la torture et la mort d’un autre individu, même si ce plaisir est exceptionnel. Ce genre d’argument est révélateur de la position dominante que s'octroie la personne qui cristallise la discussion autour de sa problématique à elle, tout en occultant les intérêts et droits fondamentaux de sa victime. On retrouve fréquemment ce schéma dans les autres formes d’oppression (racisme, sexisme, etc.).
Le magret est toujours issu d’un canard gavé
Le magret est une invention de la filière foie gras. Lorsque que celle-ci s’est industrialisée et qu’elle s’est retrouvée avec des tonnes de carcasses de canards dont elle avait pris les foies, il fallait bien les valoriser… Le magret a donc été inventé pour aider à la vente d’une partie des carcasses : le poitrail, lui aussi recouvert de graisse… Acheter du magret, c’est la certitude d’acheter un morceau d’animal gavé.
Les plumes et le duvet sont souvent issus d’oiseaux gavés
Une fois saignés, les oiseaux sont plumés. Comme pour le reste des carcasses, les plumes et le duvet sont valorisés et servent à la fabrication de doudounes, oreillers, matelas, canapés, etc. Étant donné l’énorme quantité de canards utilisés par la filière foie gras, il est très probable que lorsque vous achetez un tel objet, les plumes ou le duvet soient ceux de canards qui ont été gavés. En Hongrie, et peut-être aussi ailleurs, les oies sont parfois plumées vivantes plusieurs fois avant d’être gavées pour le foie gras. Bien entendu, le plumage à vif est lui-aussi une torture pour les oiseaux.
La tradition : c’est l’argument du statu quo
La tradition c’est toujours l’argument du statu quo. La pratique en question peut-être complètement illogique, non-éthique, polluante, dangereuse, etc. si c’est la tradition, alors on ne peut rien dire...
Et pourtant, la tradition est l'un des arguments aussi avancés pour justifier des pratiques inhumaines, cruelles et dégradantes subies par des millions d'êtres humains à travers le monde (exemple : les mutilations génitales féminines, les mariages forcés et précoces, etc).
Dans le cas du foie gras, même si la tradition est constamment invoquée, il est facile de la remettre en question :
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Les oiseaux utilisés ne sont plus les mêmes (canards au lieu d’oies).
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Le gavage se fait à la pompe hydraulique, avec du maïs, et non plus à la main avec des figues.
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Au XIème et XIIème siècle, la région de Toulouse, et en réalité tout le sud de la France, était en majorité cathare, une branche de la chrétienté qui prônait le respect des animaux. Les cathares étaient végétariens car il avaient le devoir moral de venir en aide aux animaux. Au XIIème siècle à Toulouse, on ne tuait pas les canards et les oies, et on ne les gavait sûrement pas! Si on parle de tradition, pourquoi ne pas reprendre celle-ci qui pourtant est plus ancienne que celle de la production de foie gras ?
Oui, il est possible d’interdire le commerce d’un produit tout en respectant les accords de libre-échange
L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), signé en 1949 et repris intégralement dans le traité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévoit des exceptions au libre commerce dans son article XX. Il est donc possible d’interdire le commerce d’un produit tout en restant conforme au traité de l’OMC, notamment si on estime que ce commerce nuit à la moralité publique (article XX-a). Il n’est donc pas vain de chercher à obtenir une loi qui demanderait l’interdiction de commerce de foie gras.
La filière foie gras est industrielle, il n’y a pas de petits producteurs
La filière foie gras est aujourd’hui complètement industrialisée. En France, elle est dominée par trois grands groupes (Euralis, Labeyrie et Delpeyrat), qui réalisent plus de 70% de la production. Les autres sont parfois appelés petits producteurs, mais seulement parce qu’ils vendent en circuit court, c’est-à-dire à la ferme ou directement sur les marchés. Le mode de production, lui, reste le même dans tous les cas : insémination, sexage, cages et pompes hydrauliques. Le calcul est simple : si un gaveur réalise sa production à la main, ou plutôt à l’entonnoir, comme dans les années 50, il ne peut pas avoir plus de quelques dizaines d’oiseaux. Avec la pompe hydraulique et les cages, ce chiffre est autour de 2’000 oiseaux.
Le Comité